Les seniors et la sexualité : importance, troubles, solutions
Le corps s’épuise souvent plus vite que le désir. Pour autant, la sexualité du troisième, voire du quatrième âge, peut être synonyme d’épanouissement. La vie sexuelle prend en effet une nouvelle tournure après 65 ans et il est temps de redécouvrir son ou sa partenaire… voire d’en changer ! Le nombre de divorces et de remariages constitue un indicateur de la vitalité du désir amoureux des seniors. La sexologue Marie-Hélène Colson constate ainsi que le nombre de divorces chez les Français de plus de 60 ans a été multiplié par près de 3,5 entre 1970 et 2005, passant de 110 000 à 355 000. Et le taux de remariages a lui aussi grimpé.
La sexualité est-elle importante pour les seniors ?
Contrairement aux idées reçues, la sexualité n’a rien de marginal ni d’exceptionnel pour les seniors. Selon l’étude menée par l’Américain Edward Laumann en 2004, portant sur 26 000 personnes à travers 29 pays, 79 % des hommes de 60 à 69 ans et 64 % de ceux âgés de 70 à 79 voient le sexe comme un centre d’intérêt important. Les femmes de 60 à 69 ans sont 65 % à partager la même vision des choses et celles de 70 à 79 % répondent pareillement à 37 %. Par ailleurs, 42 % des hommes de 60 à 69 ans et 24 % des hommes de 70 à 79 ans ont au moins un rapport sexuel par semaine. Pour les femmes, ces chiffres sont respectivement de 23 et 26 %.
Troubles du désir chez les femmes
Les hommes et les femmes sont inégaux devant le désir. « À partir de 50 ans, les troubles du désir sont plus importants chez ces dernières », juge le docteur Frédéric Staerman, urologue et président de la Société pluridisciplinaire des études sexologiques de l’Est (SPESE). La ménopause entraîne parfois des sécheresses vaginales et une dyspareunie (douleur au cours du coït). Un simple lubrifiant peut être envisagé, mais un traitement hormonal substitutif est conseillé dès lors que la ménopause s’accompagne de troubles du sommeil, d’irritabilité et de bouffées de chaleur. Les modifications du schéma corporel peuvent enfin conduire la femme à se trouver moins désirable, freinant ainsi sa libido.
Les dysfonctions érectiles
Les hommes rencontrent eux aussi des difficultés avec l’apparition de l’andropause, c’est-à-dire le déficit androgénique lié à l’âge. La baisse de la production de testostérone a notamment pour effet une baisse de la libido et des difficultés à avoir ou à garder une érection. Les hommes peuvent également connaître des troubles de l’éjaculation, retardée voire absente dans certains cas. En revanche, si les orgasmes sont souvent plus tardifs, ils gagnent en qualité. Le vieillissement du corps a évidemment des conséquences sur l’érection et sur le plaisir : les tissus caverneux se font moins élastiques et les récepteurs du plaisir moins sensibles. La médicalisation des personnes âgées affecte leur vie sexuelle, tout comme l’hypertension et le diabète. Tabac, alcool et obésité sont néfastes. Enfin, les personnes ayant subi une prostatectomie (ablation totale ou partielle de la prostate) connaissent des troubles de l’érection, un risque inhérent à l’intervention dont il faut toujours discuter avant avec l’urologue.
Quelles réponses pour les hommes ?
« 15 à 20 % des patients qui consultent un sexologue pour dysfonctionnement érectile ont plus de 65 ans », explique Frédéric Staerman. Face aux pannes sexuelles, la médecine a fait de grands progrès et apporte aujourd’hui des réponses médicamenteuses grâce aux inducteurs d’érection, tels que le sildénafil commercialisé sous les noms de Cialis® et Viagra®. En cas d’échec ou de contre-indication de cette prescription, le médecin peut prescrire des injections intracaverneuses, qui s’avèrent plus efficaces que les inducteurs d’érection après 65 ans. Enfin, il est possible d’envisager un implant pénien. Contrairement à ce qu’écrivait Romain Gary, au-delà de cette limite, votre ticket reste donc valable.