Allaitement maternel : conseils pratiques et contre-indications
Le lait maternel commence à se fabriquer à partir du quatrième mois de grossesse sous l’influence des œstrogènes, de la progestérone et de l’hormone lactogène placentaire. À la naissance, l’expulsion du placenta entraîne la chute du taux de progestérone, qui déclenche la montée de lait environ trois jours après. D’autres hormones, comme la prolactine et l’ocytocine, régulent la production de lait maternel : la première aide à la fabrication du lait, la seconde déclenche les muscles pour son éjection. Sécrété au niveau des alvéoles, le lait y est stocké jusqu’à la tétée. Comme c’est la succion efficace du mamelon qui fait sécréter les hormones, plus le bébé tète, plus la production de lait augmente.
Les chiffres à connaître
Un nouveau-né a besoin de téter entre 8 et 12 fois par 24 heures. La capacité de stockage du lait varie d’une femme à l’autre de 80 ml à 600 ml. La production de lait se situe entre 700 et 800 ml par jour en moyenne.
Comment se préparer à l’allaitement ?
Du point de vue physique, les seins s’y préparent naturellement pendant la grossesse : augmentation de leur volume, développement des glandes de Montgomery dans les aréoles et production du colostrum (premier « lait » produit les dix premiers jours, très riche en anticorps). Les crèmes destinées à « endurcir » le mamelon et à le préparer à la succion du bébé ne sont pas forcément efficaces contre les petits maux que l’on peut rencontrer pendant l’allaitement (crevasses, engorgements…). En revanche, la préparation à l’allaitement peut se faire dans la tête. Pour cela, il est possible de s’informer auprès de professionnels, à la maternité ou dans des groupes de parole consacrés à l’allaitement, sur ses pratiques mais aussi et surtout sur les besoins et le comportement normal d’un nouveau-né.
Comment mettre en route l’allaitement ?
La réussite de l’allaitement passe surtout par une mise au sein précoce et des tétées fréquentes, avant même la montée de lait (deux ou trois jours après l’accouchement). En effet, l’organisme continue de produire du colostrum, riche en éléments protecteurs contre les infections, parfaitement adapté aux besoins du nouveau-né. Une mise au sein toutes les deux heures en moyenne dès la naissance, aussi souvent que le bébé en manifeste le besoin, garantit une montée de lait plus rapide et plus abondante, car des tétées fréquentes sont autant de signaux pour l’organisme de la mère, qui augmente sa production de lait puisque les besoins du bébé sont importants. Environ trois jours après l’accouchement, la chute du taux de progestérone déclenche la montée du vrai lait de femme. Celle-ci entraîne tiraillements et durcissement des seins. Le processus d’éjection du lait n’est pas immédiat dès la mise au sein : il faut deux à trois minutes de succion efficace pour le mettre en route.
Comment faire quand on a trop (ou pas assez) de lait ?
Le vrai manque de lait est rarissime. Le plus souvent, une mise au sein plus fréquente relance la production de lait au bout de quelques tétées, nécessaire pendant la croissance du bébé dont les besoins augmentent. Un tire-lait est souvent utile pour inciter l’organisme à produire davantage de lait en vue de la prochaine tétée. L’abondance de lait permet parfois de nourrir un bébé plus rapidement et moins fréquemment. On peut aussi diminuer la production de lait en ne proposant qu’un seul sein par tétée, en diminuant la durée des tétées, en portant des téterelles (bouts de seins en silicone) ou en modifiant la position du bébé pendant l’allaitement.
Quels sont les petits maux de l’allaitement ?
Les crevasses sont souvent causées par une mauvaise hygiène des mamelons (humidité, croûtes de lait…), à une mauvaise position du bébé ou à une mauvaise succion. Le bébé doit se trouver face au mamelon et prendre dans sa bouche le mamelon et la plus grande part de l’aréole, car il tète avec toute la bouche, pas avec les lèvres seules. Son nez et son menton doivent toucher le sein, mais il faut dégager son nez pour qu’il puisse respirer, en pinçant un peu le sein. Si les crevasses persistent, demandez conseil, par exemple en centre de PMI. Une crème émolliente spécifique peut atténuer les douleurs. En cas d’engorgement, les seins sont durs, tendus, lourds. Le lait semble ne pas s’écouler suffisamment. Pour y remédier, on peut masser les seins sous l’eau chaude pour évacuer manuellement un peu de lait, mais surtout mettre le bébé plus souvent au sein ou utiliser un tire-lait pour vider l’excédent. Un canal lactifère peut se boucher, la partie du sein concernée est rouge et douloureuse. Une mauvaise position du bébé peut en être la cause. Pour le désengorger, il faut masser le sein sous l’eau chaude, mettre des compresses (chaudes ou froides) et faire téter le bébé plutôt du côté douloureux pour vider tous les canaux. La candidose mammaire est une mycose douloureuse intense au niveau des mamelons et du sein. Le traitement adapté est administré par le médecin à la mère et à l’enfant simultanément pour éviter la contagion réciproque du « muguet ». Un mamelon bien séché après chaque tétée permet d’éviter la candidose.
Quelles sont les contre-indications à l’allaitement ?
La première contre-indication formelle est le refus de la mère : on ne doit jamais forcer une mère à allaiter, il en va de la relation mère-enfant. Une contre-indication définitive mais très rare est la galactosémie congénitale du nourrisson, un déficit en enzyme nécessaire au métabolisme du galactose (composé du lait). Autre contre-indication, le cancer du sein en cours de traitement. L’avis du cancérologue est indispensable à distance du traitement avant d’entreprendre l’allaitement. Il est de toute façon indispensable avant d’entreprendre une grossesse.
Les contre-indications temporaires sont : la consommation par la mère d’un aliment dont le goût déplaît au bébé qui refuse alors de téter, la prise maternelle de toxiques (alcool, cannabis…). L’infection d’un sein par engorgement (lymphangite ou abcès) l’exclut de l’allaitement, mais il faut le vider avec un tire-lait ; le lait contaminé est jeté. Attention, beaucoup de médicaments passent dans le lait, par exemple les anti-dépresseurs en cas de baby blues tournant à la dépression post-partum. Il faut toujours demander conseil au médecin avant d’y exposer son enfant.